Le 20 mai 1991, Madame Chioko EGAMI, la veuve de Maître EGAMI, s'est éteinte à Tokyo. Avec une discrétion constante, une politesse jamais prise en défaut, elle incarnait une partie immense de l'esprit de Maître EGAMI.
Madame EGAMI était bien connue des anciens du Shotokaï en Europe. Elle avait accompagné son mari à deux reprises en 1976 et en 1978, lors de ses voyages en Europe.
Un lien réel d'amitié l'unissait à Maître MURAKAMI. Je me souviens de l'air ravi qu'il affichait lorsque, déjà hospitalisé, Maître MURAKAMI avait reçu sa visite à Paris. Madame EGAMI avait alors avoué avoir accepté de venir en Europe principalement pour rencontrer Maître MURAKAMI.
Nous la rencontrions souvent lors de nos voyages au Japon. C'était un personnage hors du commun et nous lui devons beaucoup pour tout l'appui qu'elle a toujours fourni à son mari dans la voie du Karaté.
Elle incarnait pour moi le proverbe japonais qui dit que l'épi de riz, lorsqu'il est bien rempli, baisse la tête en signe d'humilité (minoru hodo kobe o sageru inaho kana).
Une image me reste à l'esprit : chaque fois que nous passions la voir dans son duplex de Higashi-Umagome (où nous brûlions de l'encens devant l'autel de Maître EGAMI), elle nous recevait très amicalement et nous servait un thé vert fort avec des sucreries. Au moment de notre départ, elle nous accompagnait jusqu'au portail et sortait à l'extérieur. Le chemin qui nous menait à la gare faisait environ 200-250 m. Toutefois, Madame EGAMI restait là, à nous observer s'éloignant, et ne rentrait pas chez elle tant que nous n'avions pas disparu à l'horizon...
Quand on se retournait, elle était toujours là et agitait la main. Qu'il neige ou en pleine canicule nipponne, elle restait devant le portail jusqu'à ce que l'on se perde de vue.
Madame EGAMI est toujours avec les pratiquants du Shotokaï : invisible mais présente. A ses trois enfants ainsi qu'à toute sa famille, nous voulons transmettre notre souvenir ému et nos sincères condoléances.
Luís de Carvalho
|