ET JE VOUDRAIS DEVENIR UN TEL HOMME !
Ni la pluie, ni le vent, ni la neige, ni la chaleur de l ’été
N'intimident ce corps solide qui est le sien.
Sans ambition ni fierté, il sourit toujours silencieusement.
Un litre de riz complet chaque jour, voilà son repas
Avec du miso* et un peu de légumes.
Il voit tout, écoute attentivement et comprend toutes choses
Sans jamais tenir compte de lui-même : avec lui rien n'est oublié
Sa demeure, c'est dans la plaine,
Une petite chaumière au pied d'un bois de pins.
A l'est, un enfant souffre,
II s'en va le soigner.
Si, à l'ouest, une mère n'en peut plus,
II part la remplacer et porter sur son dos les gerbes de riz
Si quelqu'un est mourant au sud,
II s'y rend pour lui dire qu'il n'y a pas lieu de craindre.
Au nord, une querelle éclate, on intente un procès:
II arrive et dira : « Arrêtez donc, tout cela ne sert à rien »
Survient la sécheresse: alors, il laisse couler les larmes de ses yeux ;
Si l'été est trop froid, il marche désemparé.
On dit de lui : « c'est un bon à rien » !
Point d'éloges à son égard, point d'hostilité non plus.
Je voudrais devenir un tel homme.
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