En marge du stage Shotokaï, qui s'est déroulé dans la commune de Kheir-Eddine (Mostaganem) sous la présidence du Directeur Technique National français de l'Association Shotokaï Murakami, Luís de CARVALHO, assisté de Jean-Marc LABAT, El Mountakheb (quotidien sportif NDLR) a sollicité Luís de CARVALHO afin de l'interviewer et nous faire connaître quelques aspects du Shotokaï.
La pratique de cette discipline, dérivée du Karate-Do, touche un cercle restreint d'adeptes du karaté en Algérie. Dans notre pays, elle se résume à l'association de Aïn Tedeles qui a également ouvert des salles d'entraînement à Aïn Boudinar et Mostaganem.
El Mountakheb : Présentez-vous à nos lecteurs.
Luís de CARVALHO : Je suis français d'origine portugaise et j'ai deux enfants. Je suis né le 15 novembre 1959 et je suis titulaire de la ceinture noire 3è Dan Shotokaï (de l'école de Maître MURAKAMI décédé en 1987).
E.M. : Vos débuts sportifs ?
L.D.C. : Dès l'enfance, aux alentours des années 69, j'ai pratiqué le hockey sur patins à roulettes et le tennis. Puis en 1974, j'ai été attiré par le karaté de Maître MURAKAMI bien que ne l'ayant vu qu'en photos. Actuellement, je suis Directeur Technique au niveau du territoire national français de l'Association Shotokaï Murakami.
E.M. : Quelle est l'évolution du Shotokaï à travers le monde ?
L.D.C. : Le Shotokaï est en constante évolution à travers presque tous les continents. Nous avons des contacts avec l'Afrique, l'Amérique et le Japon. A l'occasion, j'ajouterai qu'en Angola le Shotokaï est très développé. Malheureusement, à cause de la guerre nous avons un peu perdu le contact avec nos amis pratiquants.
E.M. : Pourquoi le Shotokaï demeure-t-il peu pratiqué et assez peu développé par rapport aux autres styles de karaté ?
L.D.C. : Cela dépend effectivement des pays. Par exemple, au Portugal et en Angola, le Shotokaï, comme je l'ai précédemment évoqué, est largement développé. De plus, l'apparition du Shotokaï est récente. En France, la pratique du Shotokaï est apparue en 1969. Ainsi, il n'y a encore que peu de licenciés. A cela il faut ajouter d'autres facteurs qui empêchent le Shotokaï de se propager rapidement et avoir beaucoup d'adhérents. En effet, la pratique du Shotokaï exige un énorme investissement personnel afin de supporter physiquement la rigueur des entraînements. De plus, nous ne faisons pas de compétitions. Le Shotokaï est un sport qui fait appel à une grande générosité physique et une volonté mentale de tous les instants. C'est pour cette raison qu'il progresse doucement mais sûrement. C'est un art difficile à comprendre même pour des karatékas d'autres styles.
Luís de Carvalho à Sérignan-Plage derrière les regrettés José Parraga (debout) et Jérôme Huyssman (2ème à compter de la droite)
E.M. : Quelle est la différence entre le Shotokaï et le Shotokan ?
L.D.C. : C'est une question extrêmement difficile mais je vais essayer d'y répondre.
Le Shotokaï exige un travail plus basé sur la souplesse et la communication. La pratique donne beaucoup d'importance à l'intuition et au côté spirituel. Dans notre école, nous insistons sur le côté éducatif du karaté. Celui-ci a tendance à disparaître quand on le pratique comme un sport.
E.M. : Comment jugez-vous le Shotokaï en Algérie ?
L.D.C. : C'est simple. Il est le reflet du Shotokaï de l'association de Aïn Tedeles puisqu'elle est la seule en Algérie à pratiquer ce style de karaté. Par ailleurs, j'espère que le Shotokaï se développera petit à petit sur tout le territoire algérien. En effet, j'ai décelé une grande assiduité et une grande volonté dans le travail chez les pratiquants et j'ai été surpris par la maturité d'esprit et la force de caractère des élèves. Beaucoup ont une endurance supérieure à celle des européens. Mais, sur le plan technique, j'ai relevé quelques lacunes qu'il soit possible de corriger avec le temps et un travail sérieux.
E.M. : Avez-vous une idée sur le mouvement sportif en Algérie ?
L.D.C. : Ce que je sais, c'est que l'Algérie est un pays dont la population est jeune et que l'Etat algérien accorde une importance particulière au sport. Je me souviens bien de l'épopée de l'équipe nationale de football et la surprise qu'elle a créée en 1982 lors des éliminatoires de la finale de la coupe du monde en Espagne. J'étais parmi les nombreux supporters de l'équipe algérienne. Mais à part cela, je dois avouer ne pas bien connaître la réalité sportive algérienne.
E.M. : Votre mot de la fin.
L.D.C. : Je remercie le Directeur Technique de l'association de Aïn Tedeles, Monsieur DANI Djilali, de nous avoir invités à ce stage ainsi que les autorités locales et notamment le Directeur de la Jeunesse et tous ceux qui ont facilité notre travail.
Mes remerciements vont également à Monsieur AMOURI, le Directeur du collège de Kheir-Eddine, pour l'excellent accueil qu'il nous a réservé.
M. HAMCHERIF
Journaliste à El Mountakheb
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