Pour un pratiquant de Karaté-Do Shotokaï, l'assiduité à l'entraînement est une nécessité absolue. Mais, dans le travail avec les élèves de son club, les habitudes s'installent vite. Une solution consiste à rencontrer d'autres pratiquants d'autres clubs, donc à fréquenter des stages.
En France, le stage le plus important est celui de Sérignan Plage organisé par l'Association Shotokaï Murakami, les deux dernières semaines d'août. C'est aussi l'occasion de rencontrer des élèves d'autres pays et souvent de s'en faire des amis.
Cette année, les stagiaires portugais ont débarqué en force, malgré l'éloignement et le coût occasionné par le changement des devises. C'était déjà la seconde année que j'avais le plaisir de pratiquer avec José PATRAO, le responsable du club d'Almada dans la banlieue de Lisbonne, de l'autre côté du Tage.
Une conversation s'engage à laquelle participe Mauro FERRINI, l'italien de service :
José : "Profites du stage national à Porto le 16 et 17 novembre pour venir au Portugal. Tu pratiqueras avec nous et ce sera l'occasion de découvrir le pays."
Mauro : "C'est une perspective intéressante. Je pense pouvoir prendre des vacances. Je réfléchis à ta proposition."
Moi-même : "Ce n'est pas l'envie qui fait défaut. Je me décide en octobre et, Mauro, je t'appelle pour te tenir au courant."
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Rentré à Nancy, le projet prend forme. Mais abandonner cinq jours entiers sa "petite famille", convaincre son épouse, calculer les dépenses, etc...: les obstacles se dressent nombreux et les portes du Portugal semblent se fermer.
Mais chaque porte a une clé et le fax de José le 7 octobre en était une, capable de faire sauter tous les verrous : "J'espère que tu vas réussir à te joindre à nous dans ce stage (sic). Tu seras le premier français à venir au Portugal pour un stage et tout le monde sera bien heureux de te recevoir."
Cette "formule magique" balaie toute réticence. En effet, on ne peut résister au désir d'inscrire son nom dans "l'histoire du Shotokaï".
Quand l'avion décolle du Luxembourg, il pleut et j'espère que 3 000 km plus au Sud il en sera autrement. Je déchante rapidement, le plafond nuageux est encore plus bas à Lisbonne et seule la température (15°) change par rapport à Nancy (4°). Mais José et Luísa, sa femme, m'accueillent avec chaleur et sans tarder nous partons pour 300 km de voiture pour Porto.
A l'arrivée, je découvre le Dojo de Monsieur SARMENTO qui sera le responsable Technique du stage. Le plancher m'impressionne, je le trouve très japonais dans son aspect. J'apprendrai par la suite qu'il a été réalisé sur les conseils et les plans de Maître MURAKAMI. Avant chaque entraînement, les élèves passent un chiffon humide : c'est là son seul entretien et le résultat est magnifique.
La salle est comble, les élèves affluent du Portugal tout entier (Le club d'Almada a affrété un bus complet!). Je ressens l'ambiance d'une manière un peu irréelle : tout le monde est très chaleureux et tous parlent français! Ainsi, malgré le dépaysement, je me sens parfaitement à l'aise. Cela se renforce à l'entraînement car la pratique est identique : nous appartenons à la grande famille du Shotokaï dont Maître MURAKAMI a été le père fondateur en Europe. Aujourd'hui, nous sommes peut-être orphelins, mais la famille entière se réunit plus souvent.
L'arrivée de Mauro FERRINI et de Franco MISSADIN (les beaux italiens) parachève ce sentiment.
Je ne reviendrais pas sur le stage lui-même car il fut classique dans sa forme. Le dimanche matin, pour cause de passage de grades, de présentation des clubs et de photo officielle, l'entraînement fut léger. Monsieur REBOLA, pionner du Karaté portugais et un des premiers élèves du Maître, se joint à nous pour la cérémonie du dimanche matin. L'accueil réservé, à nous les visiteurs étrangers, sera mémorable quant à la vigueur et la durée des applaudissements à notre égard. La joie et le plaisir de nos hôtes à nous avoir parmi eux étaient "palpables".
Durant ce week-end, nous découvrons Porto, grand port à l'embouchure du Douro. C'est une ville chargée d'histoire et bâtie en granit. Gustave EIFFEL a sévi jusqu'ici en construisant deux ponts métalliques à l'image du viaduc de Gabarit dans le Cantal. Les habitants sont fiers de leur cité ainsi que de leur vin, de réputation mondiale. Un élève, grand amateur disposant d'une cave prestigieuse, nous le fera déguster et, le coeur sur la main, nous offrira la première bouteille (il y en aura d'autres!).
De retour vers Lisbonne, nous partageons le bus d'Almada. Cette ballade m'éclairera sur l'amour de la chanson qui existe en chaque portugais. Leur première chanson, inaugurée à Sérignan, sera certainement enrichie par d'autres versions.
Depuis notre arrivée, nous avons été totalement pris en charge par nos amis et cela continue pour le tourisme dans la capitale. Ils iront jusqu'à prendre des congés pour s'occuper de nous! Nous serons invités, par le Conseil Technique, dans le restaurant chinois où mangeait régulièrement Maître MURAKAMI. Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour remercier du fond du coeur l'Association Shotokaï Portugaise pour son accueil et sa profonde gentillesse.
Je repartirai vers Nancy les yeux pleins des splendides images du château St Jorge, de la Tour de Belem, du Pont du 25 Avril et du Christo Rei d'Almada (Rio de Janeiro l'a copié) et le coeur débordant de gratitude envers nos hôtes.
Merci José, Luisa, Chico, Paula, Pedro et tous les autres, merci du fond du coeur. Soyez sûrs, comme promis, que j'encouragerai tous les pratiquants de France à venir au Portugal. L'avion décolle, il pleut toujours (il y a du soleil au Portugal?) mais … je reviendrai c'est sûr !
Pascal GENIN
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