... La situation est telle maintenant que la majorité de ceux qui pratiquent le Karaté dans les différents pays s'entraînent au Karaté pour ses techniques de combat, et il faut admettre que la propension à s'engager dans un combat n'est pas moins fréquente chez les humains que chez les autres animaux. Il est extrêmement douteux que ces enthousiastes aient accédé à la complète compréhension de ce qu'est le Karaté-do.
Nous devons aussi signaler l'influence négative du cinéma et de la télévision sur l'image publique du Karaté, si ce n'est pas sur l'art lui-même.
En décrivant le Karaté comme une manière mystérieuse de combattre capable de tuer ou de blesser d'un seul coup ou coup de pied et ainsi en faisant appel à l'instinct de combat de l'homme, les mass média présentent le Karaté comme un pseudo art éloigné de ce qu'il est réellement.
Gichin Funakoshi était un défenseur des aspects spirituels du Karaté-do et insistait beaucoup plus sur ceux-ci que sur les techniques de combat. En outre, il pratiquait toujours ce qu'il enseignait. S'il vivait aujourd'hui et voyait ce qu'il est advenu du Karaté-do, qu'en penserait-il ?
Ceux d'entre nous qui sont des partisans stricts du Karaté orthodoxe en tant qu'art de défense doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour vérifier que le Karaté est pratiqué dans la bonne direction et que son aspect spirituel est compris dans toute sa dimension.
En s'entraînant vers cet objectif erroné et homicide, le débutant se donnera à fond dans l'entraînement, croyant tout simplement que le compromis n'existe pas. Pour lui, c'est une simple question de vie ou de mort ; de ce point de vue, il faut tuer son adversaire ou être tué soi-même.
Seul un débutant peut croire sérieusement en des objectifs comme tuer quelqu'un d'un seul coup ou sortir systématiquement vainqueur d'une compétition ou d'un combat.
Ne jamais perdre ne signifie pas gagner toujours.
Lorsque quelqu'un a atteint le niveau de cette véritable compréhension, il aura progressé par rapport au groupe des débutants. Dans une compétition, il est normal d'être victorieux si on est le plus fort, mais une compétition n'est qu'une compétition.
En Karaté-do, il n'y a ni homme fort ni homme faible. L'essence de cet art consiste en une coopération mutuelle.
C'est la finalité du Karaté-do.
Shigeru EGAMI
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